La
"drôle de mobilisation" de Jean Bruller
Septembre
1939-août 1940
Vercors raconta rétrospectivement
son expérience de la "drôle de guerre" dans
ses livres de souvenirs,
La Bataille du silence et les trois tomes
de Cent
ans d'Histoire de France.
Pour vous souvenir des principaux
événements de l'entrée en guerre de la France en 1939,
allez sur le site les "chemins de mémoire",
aux pages "la
drôle de guerre" et "la
France en guerre". Cette seconde page,
d'ailleurs, précise au sujet de la mobilisation:
"En France, la mobilisation générale est décrétée. Le 3 septembre 1939,
aucune réponse n'ayant été donnée à l'ultimatum franco-britannique
exigeant le retrait des troupes allemandes, la Grande-Bretagne, à 11 h,
puis la France, à 17 h, déclarent la guerre à l'Allemagne".
Jean Bruller apprend cette mobilisation,
alors qu'il revenait de ses vacances en famille en Bretagne,
à Plougrescant. Mobilisé, il est "convoqué à
Embrun, près de Briançon et de la frontière italienne,
au bataillon de réserve du quinze-neuf" (La
Bataille du silence, Omnibus, page 832). Rapidement,
il quitte "Embrun pour Romans, petite ville
de garnison célèbre pour ses chaussures, non loin de
Valence et du Rhône. Dans le train, qui venait de Briançon
vers 3 heures du matin, notre petit détachement avait
rejoint le gros du bataillon" (page 837). C'est
lors de ce voyage que Jean Bruller est fasciné par la
montagne du Vercors dont il se souvint lorsqu'il
publia clandestinement Le
Silence de la mer sous le nom de
plume que l'on connaît, avant que ne se forme le célèbre
maquis de la Résistance.
Cantonné dans le petit village
de Mours-Saint-Eusèbe près de Romans, sous un ciel clément, les heures s'égrènent
lentement malgré les manoeuvres d'entraînement. Il passe ainsi le temps comme il peut avec
le reste du bataillon, en particulier avec Chazal
et Battail qui resteront pour lui de grands amis.
Ce n'est qu'à la mi-novembre 1939
que le bataillon quitte Romans pour Poilcourt, près
de Reims.
Une semaine après leur arrivée, Jean
Bruller se casse la jambe au cours d'une manoeuvre.
Il est envoyé à l'hôpital de Réthel qui l'"évacua
sur celui de Reims" (page 842). A l'hiver,
Jean Bruller retourne parmi les siens à Villiers-sur-Morin,
le temps de sa convalescence.
En avril 1940, il rejoint le dépôt
du quinze-neuf, à Romans. Il aurait préféré rejoindre
Chazal et Battail près de Reims, mais cette requête
ne lui fut pas accordée. Il "fut donc affecté
aux "unités de départ", chargé de rééquiper
les hommes avant de les renvoyer en campagne"
(page 845). Seule éclaircie dans cette routine maussade
et ennuyeuse: une permission de Battail de retour à
Grenoble. Jean Bruller alla déjeuner chez lui un dimanche
de la mi-avril.
Lui-même a une permission de 8
jours du 2 au 9 mai 1940. Il n'obtient pas à temps
de regagner Montmorency plutôt que Romans. Ce n'est
quue le 12 juin que "le dépôt recevait l'avis
de [s]a mutation" (page 848). Désormais en
surnombre à Romans, il est envoyé à Boën, près du Velay
pour préparer "le repliement des jeunes recrues"
(page 848). Or, c'est le nom d'une pièce de théâtre
de son ami Jules Romains. Jean Bruller y voit un hasard
significatif comme je le relate dans mon article "Jules Romains et Vercors, deux hommes
de bonne volonté".
Jean Bruller est déplacé à Bourg-en-péage,
puis dans le petit village de Peyrus pour combattre
en cette fin de guerre, puisqu'au moment de l'exode "passant
Lyon ville ouverte, les Allemands filaient le long
du Rhône" (page 851). Au lever du jour, il
apprend le cessez-le-feu.
En juillet, il attend dans le village
de Besayes d'être démobilisé. Trop longtemps à son goût.
Inaction encore plus intolérable.
Retour à Romans enfin, puis il gagne Montélimar où "un
train de démobilisés pour Paris serait formé le surlendemain"
(page 869). Retour à Paris. Sa famille étant à
Montcharente pour l'été 1940, Jean Bruller les y rejoint
le lendemain, en pleine Occupation.
Pour un panorama général de l'existence
de Jean Bruller-Vercors pendant l'Occupation, je vous
invite à relire Jean
Bruller menuisier (octobre 1940-juin 1941)
et Les
années d'Occupation. 1940-1944: survivre et résister.
Article mis en ligne le 1er septembre
2023
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