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D'une école l'autre: l'École alsacienne, le collège cévenol

Ce 3e article appartient au cycle d'étude « Vercors et le judéo-protestantisme ». Pour prendre connaissance de tous les articles et de la logique du positionnement de celui-ci, allez à la rubrique Thèmes.

Jean Bruller élève de l'École Alsacienne

La scolarité de Jean Bruller dans cette école: les raisons, les conséquences

Vercors entra à l'École alsacienne directement en 9e en 1909 et il y resta jusqu'à l'obtention de son baccalauréat en 1918. J'évoquais déjà sa scolarité (ses résultats scolaires réels et sa manière de les interpréter) à la page A la recherche de la pureté perdue. Vercors écrivit plusieurs textes sur cette école qui imprima profondément en lui une morale intransigeante qui se décèle dans sa philosophie de l'Homme:

  • Maurice Testard, Une belle école. Histoire anecdotique préfilmée de l'École alsacienne, Paris, Vigot frères éditeurs, 1950. Préface de Vercors
  • Vercors, témoignage centenaire de l'école alsacienne 1974
  • Georges Hacquart, Histoire d'une institution française, l'École alsacienne. L'école de la légende, 1891-1922 (tome 2), Éditions Suger, 1987. Préface de Vercors

Les débuts du tome 1 et du tome 2 de cette Histoire d'une institution française peuvent être lus en ligne sur Gallica.

Ce sont des amis proches des parents du petit Jean Bruller qui convainquirent ces derniers de le scolariser dans cette école privée de Paris, à côté de leur logement. Ses parents savaient pertinemment que cette école était dirigée par un protestant, d'abord Frédéric Rieder, puis celui que Jean Bruller connut, le pasteur Théodore Beck (de 1891 à 1922). Ils savaient également que la moitié de l'équipe pédagogique était protestante. Pourtant, ils firent confiance dans cette école qui, quoique marquée par le protestantisme, avait la volonté affichée de la neutralité religieuse. C'est pourquoi elle acceptait les enfants de toutes obédiences. D'ailleurs, dans sa préface du tome 2 de cette Histoire d'une institution française, Vercors raconte à quel point la religion n'était pas abordée dans cette école et à quel point les enfants étaient tous mis sur un pied d'égalité, quelle que soit leur religion. Quelle ne fut pas la surprise du petit Jean Bruller lorsque l'un de ses camarades à qui il dit qu'il était stupide de croire en Dieu se rebiffa contre cette assertion. Le petit Jean comprit alors qu'il côtoyait de nombreux fils de pasteurs. Il saisit tout autant la liberté de conscience qui régnait au sein de cette école. Or, comme je l'ai analysé dans mon précédent article Positionnement familial, transposition littéraire, la famille Bruller se déclarait laïque. L'École alsacienne ne pouvait donc avoir que toutes ses faveurs. Toutefois, ne considérons pas les aspirations de l'École alsacienne et de la famille Bruller comme parfaitement identiques. Ils se rejoignent en effet idéologiquement, malgré une approche de la laïcité divergente.

Dans les articles en ligne « Les protestants, l'école et la laïcité » de la revue Histoire de l'éducation (n°110, 2006), les auteurs stipulent que le protestantisme entretient un rapport particulier avec l’éducation. Pour des motifs théologiques, les protestants sont attentifs à l'alphabétisation des siens. C'est la lecture individuelle de la Bible, et non la transmission orale, qui permet de connaître la doctrine chrétienne. Le lien entre la Réforme et l'éducation est donc indéniable. Dans ce rapport spécifique des protestants au livre, au même titre que les élites, le peuple doit accéder à cette instruction. Au XIXe siècle, les protestants « se sont ralliés à la laïcité de l’école parce que, dans un pays où ils sont l’infime minorité, elle offrait les plus grandes garanties de protection et de liberté face à un péril clérical, ou tout simplement catholique ». Dans Les Protestants et la République de 1870 à nos jours, Patrick Cabanel étudie ce « ralliement massif à l'Etat républicain et laïque en lien avec leur expérience historique » (page 30). Des pages 61 à 97, il relate la première laïcité profondément religieuse mais d'une religion très libre, à portée universelle. Dans une conception protestante-libérale de la religion, il s'agit de laïciser une religion, c'est-à-dire de l'intérioriser. Or, très rapidement, les protestants critiquent la laïcité nouvelle amputée de la part spirituelle. S'ils se rallièrent à cette République, ils furent déçus par une laïcité qui évacuait le religieux de l'école, là où ils souhaitaient une « laïcité spiritualiste » (« Les protestants, l'école et la laïcité »).

Le père de Jean Bruller fut très certainement sensible à cette École alsacienne dont ses fondateurs protestants avaient ce rapport si particulier aux livres. Ce radical républicain avait le souci d'une diffusion large de l'instruction et de la culture. Rappelons qu'il fonda en 1895 les Éditions Bruller & Politzer pour une diffusion de la littérature à bas coût.  Était-ce moins l'intérêt pour la lecture du Livre que la lecture des livres par tous qui guida Louis Bruller vers cette école pour son fils? Rien n'est moins sûr si l'on se réfère au récit autobiographique de ce père parti de Hongrie par amour quasi religieux pour la France. Voici ce qu'écrit Vercors dans La Marche à l'étoile:

Il n'avait même qu'une idée, un seul but auquel il voulait parvenir [...]. Il voulait que les oeuvres de Balzac, de Hugo et d'Eugène Sue, que ces oeuvres adorées qui avaient été pour lui le pain et le vin, le breuvage enivrant dont la griserie l'avait révélé à lui-même, que ces odes à Paris, à la France et à son peuple, à l'amour et à la justice, que ces flamboyantes pages tant de fois lues et relues pussent grâce à lui pénétrer dans les plus humbles chaumières, dans les plus modestes logements d'ouvriers. Et il y parvint!

C'est certes la volonté d'une large diffusion de la culture dans une visée égalitaire qui domine la démarche d'un héros imprégné des idéaux des Lumières, mais la narration hisse cette littérature au niveau du Livre sacré. La dimension religieuse parcourt tout ce récit de 1943.

De plus, ce choix de l'École alsacienne par le juif hongrois Louis Bruller concrétisa cette communauté de destin entre juifs et protestants. « La laïcité, c’est la perte du handicap pour les protestants et les juifs, et c’est la survalorisation de leur savoir-lire séculaire » (« Les protestants, l'école et la laïcité »). Ce ralliement à la République laïque par le biais de cette école fut pour la famille Bruller davantage une tentation laïciste qui excluait la religion de l'institution scolaire qu'une « laïcité spiritualiste ». Nonobstant cette différence dans l'appréhension de la laïcité, l'accointance idéologique et politique entre les Bruller et l'École alsacienne fut étroite.

Dans ses préfaces, Vercors souligne à quel point l'École alsacienne forgea son caractère. Le pari de cette école était de s'adresser à l'intelligence des enfants, à leur raison, afin qu'une morale interne s'imprègne en eux, afin qu'ils distinguent le temps du chahut de celui de l'apprentissage sérieux, afin qu'ils réfléchissent pour se réformer eux-mêmes face à leurs actes et face aux autres. N'est-ce pas exactement la philosophie de l'Homme que Vercors développa après guerre? 

Point de prosélytisme religieux ou patriote dans cette école. Vercors raconte ainsi que les professeurs n'incitaient pas à haïr l'ennemi allemand au cours de la Première Guerre mondiale. Et si les élèves dessinèrent cette Grande Guerre (dessins sur lesquels nous reviendrons dans l'article suivant), jamais le professeur ne les orienta dans la teneur de ces dessins, assura Vercors.

L'influence de l'école « balayait celle des parents », dixit Vercors. Dans le cas du petit Jean Bruller, l'école accompagna fortement les opinions des parents, puisque la ligne idéologique générale était identique.

Histoire globale de l'École Alsacienne

Dans le tome 1 de l'Histoire d'une institution française, l'École alsacienne. Naissance d'une école libre, Georges Hacquart fait un récit circonstancié de cette école.

Après la défaite de la guerre franco-prussienne, 150 000 Alsaciens et Lorrains se réfugièrent en France. L'École alsacienne migra alors à Paris. Elle est issue du Gymnase protestant de Strasbourg, créé en 1538 par Jean Sturm en Alsace. Sa mission: « produire un type d'homme cultivé qui alliât aux vertus de l'âme régionale les qualités générales de l'humanisme ». Elle se voulait un esprit de tolérance et de liberté contre la tyrannie spirituelle. Elle avait pour ambition de permettre à des personnalités de se former, en opposition aux écoles du Second Empire qui soumettaient les esprits à un dogme clérical et politique. Guidée par un humanisme libéral, elle oeuvrait à l'élaboration de projets de réforme scolaire pour donner une âme nouvelle à la France. Contre le le régime militaire brutal des écoles, elle souhaitait faire aimer le travail aux élèves, leur faire accepter librement une règle juste et une autorité bienveillante pour former des hommes honnêtes et de bons citoyens. Contre les autres écoles privées, elle accueillait des enfants de toutes confessions. 

Pour mettre ses projets en oeuvre, l'École alsacienne limita l'effectif des classes à 20 élèves maximum pour que les nécessités de la discipline ne priment pas sur les nécessités de l'enseignement. Si son enseignement était classique, elle prônait des méthodes nouvelles d'enseignement: intérêt pour les langues vivantes, l'histoire-géographie, et les sciences au même rang que les lettres.

A Paris, en 1873, elle fit une levée de fonds par souscriptions pour un objectif de 300 élèves. Son objectif total était de récolter 600 000 francs pour créer ce Collège libre, et 2 millions pour les architectes. Les externes devaient payer 1000 francs, les internes le double. Parmi les fondateurs: Gabriel Monod. Directeur d'études à l'école pratique des hautes études, il enseigna gracieusement l'histoire en élémentaire pendant 4 ans. Son fils Edouard, né en 1880, fut scolarisé à l'École alsacienne. De nombreux rentiers, banquiers, négociants, industriels, manufacturiers donnèrent de l'argent, dont William Waddington du gouvernement de Mac-Mahon pour l'Instruction publique.

En octobre 1873, une seule classe de 15 élèves entre 8 et 10 ans niveau 8e-7e (cours moyen 1 et 2) vit le jour au 36 de la rue des écoles, avec Frédéric Braeunig pour instituteur.  L'année suivante, on passa à 25 sympathisants.

L'école s'étendait du 5e au 6e arrondissement, dans le quartier Notre-Dame-des-champs. 86 de la rue d'Assas, puis avenue Vavin le 7 octobre 1874 avec 18 élèves, bientôt 50 en fin d'année. 4 salles et 2 classes élémentaires. Et le Gymnase Pascaud, rue de Vaugirard pour le sport 2 fois par semaine. 

La fragilité financière du projet se posa à chaque rentrée scolaire. Pourtant, grâce à l'abnégation et aux convictions du personnel de cette École alsacienne, elle perdura et augmenta ses effectifs progressivement: 109 élèves en 1876 et 120 en fin d'année/156 en 1877/181 en 1878/194 en 1879/216 en 1880/261 en 1881/287 en 1882/261 en 1883/268 en 1884/238 en 1885/233 en 1886/215 en 1888/214 en 1889/201 en 1890/282 en 1902/277 en 1903/300 en 1905 et 325 en 1907/350 en 1909/380 en 1911.

L'équilibre budgétaire fut atteint en 1879. Mais elle vécut une crise en 1885-1886 à cause d'un important déficit. Elle obtint en 1890 une subvention de 40000 francs par la chambre des députés. C'est entre 1898 et 1914 qu'elle connut un long répit avec l'assurance d'obtenir chaque année les subventions de l'État.

Pourquoi cet intérêt politique? Jules Ferry, accompagné de Pierre Waldeck-Rousseau, visita l'École. Il lui rendit hommage à la tribune du Sénat. Il voulait une éducation non orientée, donc laïque, selon les préceptes de l'École alsacienne. En février 1882, la réforme de l'enseignement alla dans le sens des principes de l'École alsacienne. 

Les protestants étaient favorables au régime républicain, comme je l'ai dit dans mon premier article d'introduction: leur formation, leur sensibilité, le souvenir des dragonnades les incitaient à vouloir une plus grande liberté dans tous les domaines.  Et la République se rapprocha des protestants. Les politiques éducatives de la IIIe République furent concoctées par des ministres protestants, dont Ferdinand Buisson. En 1874, Ferdinand Buisson inscrivit d'ailleurs son fils à l'École alsacienne (Waldeck-Rousseau aussi).

Cette École alsacienne se voulait une sorte d'Abbaye de Thélème: discipline sans obligation ni sanction, en particulier pas de violence physique sur les enfants; respect, affection et confiance dans les élèves; pas de retenues, mais des notes d'ordre, de tenue et de conduite; tâches supplémentaires et instructives en cas de manquement à cette éducation intellectuelle et morale de haute exigence. Dans cette haute vision de l'humanité, l'école n'hésita pas à appliquer une série d'avertissements pour certains élèves, jusqu'à prononcer l'exclusion lorsque cela s'avérait nécessaire. 

Elle était pionnière dans son souci de s'adapter matériellement aux enfants. Elle fut pionnière dans les besoins des corps. Elle adapta l'architecture de l'établissement aux besoins d'espace et de lumière des enfants. Entre 1882 et1883, Rieder participa à une commission d'hygiène scolaire. 

Autre particularité: elle s'investit dans l'éducation des filles, en particulier dans une éducation mixte. En 1905, elle accueillit en classe d'allemand des filles pour la première fois. En 1908-1909, on compta 103 élèves en section élémentaire, dont 22 filles. En 1914, une fille fut scolarisée en 5e. En 1918, sur les 447 élèves il y avait 47 filles, le chiffre le plus élevé depuis la création de l'école. Hélas, en 1920 l'école ne compta plus de filles en classe secondaire. 

L'École alsacienne compta des élèves célèbres: le futur écrivain André Gide en 1877, Théodore Monod (de la grande famille de Gabriel Monod fondateur de cette école)... et Vercors son condisciple.

Les fils de Vercors au Collège Cévenol à Chambon-sur-Lignon

Les fils de Vercors au Collège Cévenol

Vercors ne dit nulle part que ses fils firent une partie de leur scolarité au Collège Cévenol. Dans ses mémoires, il resta assez vague sur leur parcours :

Transbahutés, du fait de la guerre et de l'Occupation, puis de la Libération, d'école communale en collège et de lycée en boîte à bachot, ils n'ont pu faire, à dix-sept ans, de bonnes études (Les Nouveaux jours, page 203)

C'est cette photo qui nous l'apprend incidemment. A ce stade de mes recherches, je n'ai pas les dates exactes de la fréquentation de ses fils dans ce lieu. Cela se situerait dans une fourchette chronologique allant de 1946 à 1952, mais l'annuaire des élèves n'est pas complet.

Mettre ses enfants dans un tel collège est porteur de sens concernant les liens étroits entre Vercors et le protestantisme.

Histoire du Collège Cévenol

L'histoire de ce Collège Cévenol – ou lycée international – a été racontée dans quelques ouvrages (notamment Le Collège Cévenol a cinquante ans. Petite histoire d'une grande aventure d'Olivier Hatzfeld), et sur ce blog apparemment abandonné par son auteur depuis 2013.

En 1936 le pasteur André Trocmé évoqua la création d'un collège secondaire au Chambon-sur-Lignon. Sa décision relevait de plusieurs facteurs :

  • pour lutter contre l'exode rural
  • pour que les enfants des paroisses protestantes du Plateau fassent de bonnes études secondaires. Ces enfants pouvaient aller en internat au Puy-en-Velay, mais ils devaient y rester pour le trimestre entier. Il leur était donc était difficile de supporter de rester loin de leurs familles autant de temps.
  • pour une intention propre à Trocmé : il était un adepte de la non-violence et de l'objection de conscience, et membre du Mouvement International de la Réconciliation. Il souhaitait bâtir un établissement affranchi de l'étroitesse des programmes nationaux et qui favoriserait des rencontres internationales dans ce nouveau lieu plus ouvert. Il voulait mettre l'accent sur le pacifisme.

Fut alors créée à partir de 1938 l'École Nouvelle Cévenole dirigée par Madame Pont et M. Édouard Theis, pasteur à Vézenobre. Cette école privée s'ouvrit avec 4 professeurs et 18 élèves. Bientôt éclata la guerre. Dès 1941, à l'image du Chambon-sur-Lignon, haut lieu de l'aide aux juifs, l'école devient une pension des enfants réfugiés. Elle fournit une aide efficace aux juifs. En 1943, Theis et de Trocmé furent arrêtés et envoyés dans le camp d'internement de Saint-Paul-d'Eyjeaux. Il passèrent à la clandestinité de l'automne 1943 au printemps 1944.

Pendant la guerre, l'école offrit une régularité et une sécurité aux enfants qui y furent scolarisés. De 40 élèves en 1939, elle passa à 150 en 1940, 250 en 1941, 300 en 1942, puis 350 en 1943.

En 1944-1945 fut créée l'Association du Collège Cévenol, désormais nouvellement nommé ainsi à la place d' École Nouvelle Cévenole.

En 1971, le Collège Cévenol signa un contrat avec l'État. De 350 élèves, il passa à 515 élèves en 1974. Il ferma définitivement ses portes en 2014, trois ans après la tristement célèbre affaire de l'assassinat d'Agnès Marin par un camarade de classe.

Parmi les personnalités liées à cette école, citons Paul Ricoeur. Il y enseigna la philosophie de 1945 à 1948, puis devenu président du Mouvement du Christianisme social, il parla à la fête de cette école en 1959.

Philosophie du Collège Cévenol

La philosophie du Collège Cévenol rejoint celle de l'École alsacienne. On comprend dès lors le choix de Vercors pour ses enfants.

Certes, c 'était une école protestante. Mais ses acteurs avaient à cœur de respecter la liberté spirituelle de chacun.

Les professeurs, qui bénéficiaient d'une grande liberté pédagogique, avaient pour ambition de se positionner en aide et non juge. La devise de cette école : persuader plutôt qu'imposer, convaincre plutôt que menacer. Les élèves étaient traités avec respect, c'est-à-dire écoutés. Une confiance mutuelle devait s'installer entre professeurs et élèves. La règle, pour être acceptée, devait être voulue par chaque élève. Éducation par la raison, réforme de soi-même par une réflexion intérieure, comme à l'École alsacienne. Le Collège Cévenol pouvait proposer une personnalisation de l'enseignement, puisqu'il avait le privilège de ne compter que 20 élèves par classe. Rappelons l'intérêt des protestants pour l'enseignement. En 1882 existaient 1500 établissements protestants qui furent de véritables laboratoires de recherche pédagogique. Toutefois, le protestantisme français a peu soutenu le Collège Cévenol, tout en en étant fier, trop attaché qu'il était à l'école publique laïque, garantie de la liberté religieuse

L'atmosphère était libérale et familiale. Le Collège Cévenol ne souhaitait pas reproduire les règles militaires des autres écoles de cette époque, à savoir des élèves muets en classe, des déplacements en rang d'une salle à l'autre. Au contraire, ni murs, ni grilles, ni portails, ni concierge n'existaient dans ce Collège Cévenol. Toutefois, liberté ne signifie pas anarchie (du moins ce mot pris dans le sens commun). Le Collège avait donc une forme d'organisation avec comme fil conducteur une limite spécifique rappelant l'École alsacienne : la responsabilité. Être responsable, c'est être capable de décider soi-même de ce qui est bon de faire et d'en donner les raisons. Cette philosophie souligne une certaine idée de l'homme véhiculée par le Collège Cévenol. Le but était de former des futurs adultes responsables, loyaux, généreux et non violents.

Autre point commun avec l'École alsacienne : la mixité. En 1959 s'ouvrit un internat pour filles.

Un collège original et novateur comme l'École alsacienne, Chambon-sur-Lignon comme haut lieu de la Résistance à la Shoah, la ligne directrice du protestantisme quant à la formation de l'Homme... voilà de forts motifs qui ont pu présider au choix de Vercors.

Article mis en ligne le 1er novembre et le 1er décembre 2024

Prochain article: L'Alsace et les Cévennes (à venir le 1er janvier 2025)