Regard
de Jean Bruller sur les artistes contemporains
à
partir de La Quinzaine critique
(1929-1932)
Préambule
Les
éloges de Jean Bruller sur les artistes
contemporains...
Alexandre
Alexeïeff
Gus
Bofa
Lucien
Boucher
Antoine
Bourdelle
Hermine
David
André
Dignimont
Pierre
Falké
Jean
Hugo
Paulette
Humbert
Louis
Jou
Paul
Jouve
Chas
Laborde
Jean
Emile Laboureur
Edy
Legrand
Berthod
Mahn Stefan
Mrozewski
Dunoyer
de Ségonzac
Fernand
Siméon
Louis
Suire
Jacques
Touchet
Marcel
Vertès
...
et les réserves
Jacques
Boullaire
Carlègle
Edgar
Chahine
André
Collot
Albert
Decaris
Joanny
Drevet
Alexandra
Grinevsky
Constant
Le Breton
Mariette
Lydis
Jean
Oberlé
Hélène
Perdriat
Jeanne
Rosoy
Sylvain
Sauvage
I
Préambule
Jean
Bruller se fit critique d'art, notamment
entre 1929 et 1932 dans les 46 numéros
de la revue La Quinzaine critique
que vous pouvez intégralement lire en
ligne sur Gallica.
J'avais fait la
recension
complète
des pages de Jean Bruller: la rubrique
"Les Editions de luxe" présente
jusqu'à la fin de la parution de cette
revue et la rubrique "Expositions"
à partir du n° 32 du 25 avril 1931.
C'est
à partir du dépouillement de la rubrique
"Les Editions de luxe" que
je vous propose le regard de Jean Bruller
sur les artistes de l'entre-deux-guerres
qui illustrèrent de la Belle Ouvrage
d'auteurs passés et contemporains. A
chaque critique d'ouvrages, Jean Bruller
passait en revue la typographie et les
illustrations. Ce sont ces dernières
qui fournissent le cœur de cet article:
Jean Bruller jeta un œil d'expert sur
ce qu'il jugeait être des réussites
ou des échecs des illustrations de ces
beaux livres. Selon notre chroniqueur en
effet, les dessins ne doivent pas calquer
le texte de façon redondante et stérile,
mais le prolonger, faire sens. Aussi
Jean Bruller put-il avoir une critique
négative des illustrations d'un grand
dessinateur pour un ouvrage précis,
tout en reconnaissant
par ailleurs le
talent de celui-ci. D'un numéro à l'autre,
le propos varia donc pour un même illustrateur
selon le contexte de création.
Ma
recension, exhaustive dans son dépouillement,
ne l'est pas dans la synthèse qui suit.
De nombreuses fois, Jean Bruller tint
une étude minimaliste sur tel ou tel
ouvrage, ce qui ne permet pas de donner
une vision développée de tous les artistes
dont il analysa les illustrations accompagnant
les textes d'auteurs. Je vous livre
plutôt un éclairage soit des paragraphes
les plus signifiants sur des illustrateurs,
soit d'une critique d'un artiste précis
dans plusieurs numéros entre 1929 et
1932. Je vous proposerai ultérieurement
la recension complète de chaque illustrateur
que Jean Bruller évoque, ainsi
que de chaque écrivain de ces belles
éditions.
II
Les
éloges de Jean Bruller sur les artistes
contemporains...
Alexandre
Alexeïeff
https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Alexeïeff
Dans le n°1,
Jean Bruller ne tarit pas d'éloges sur
Alexeïeff, "le seul qui sache
tirer son inspiration du procédé,
au lieu de l'y soumettre". Le procédé
"est sa raison d'être".
Dans le n°10,
il poursuit en cette voie:
"tout en restant fidèle à sa technique
et à son habituelle inspiration, [Alexeïeff]
ne cesse
de se renouveler". Et dans le n°13:
"On ne pouvait guère aborder un domaine
plus dangereux que celui où s'est
aventuré, dès le début, Alexeïeff. Tirant
d'une part son inspiration du seul procédé,
la limitant d'autre part dans un royaume
purement imaginatif, dans un monde
où les personnages semblent constamment
se mouvoir en rêve, on ne cesse de craindre,
d'une planche à l'autre, ou du moins d'un
ouvrage à l'autre, de retrouver les mêmes
effets. Il n'en est rien, et Alexeïeff,
tout en demeurant Alexeïeff, parvient à
être toujours différent".
Gus Bofa
http://www.gusbofa.com
Jean Bruller fut
un grand admirateur de ce dessinateur
de ses débuts de carrière jusqu'à sa
mort. Bofa lui reprocha rapidement de
s'inspirer trop visiblement de son art.
Et les deux hommes rompirent tout commerce
dans les années 30. Vingt ans plus tard,
Jean Bruller tenta de revenir vers celui
qu'il considérait comme son maître,
mais la rencontre n'eut pas lieu. Cette
page relate les relations
entre les deux artistes et critique
une recomposition autobiographique malhonnête
de Jean Bruller. Pourtant, si l'on se tourne vers
la correspondance restée privée, on
se rend compte que Vercors
montra une admiration sans faille pour
Gus Bofa.
Dans le n°7
de La
Quinzaine critique, Jean
Bruller juge que "par une progression
ininterrompue, extraordinairement étrangère
à toute influence - indice de tempéraments
forts - [Gus Bofa] se dirige vers une facture toujours
plus dépouillée, chaque trait prenant une
valeur intellectuelle plus grande, se bourrant
davantage d'idées à mesure qu'il est plus
isolé; aussi sont-elles remarquables par
leur puissance d'évocation sans cesse
croissante, que par une intelligence qui
ne se dément pas. Le tout étant exprimé
par surcroît avec une adresse dans la technique
presque excessive". Dans
le n°12,
il place ses illustrations
parmi "les plus belles"; "il ne
s'agit point réellement d'une illustration,
mais bien plutôt d'un commentaire."
"Dans les planches de Bofa, tout se
passe avant, ou après"."Tout cela
composé avec l'habituelle puissance d'évocation
de Bofa". "Une merveille, vraiment".
Il renchérit dans le n°34:
"Toutes ces planches sont
dessinées avec une intelligence et une puissance
d'expression dont seul Gus Bofa semble
capable".
Lucien Boucher
http://www.galerie-bordas.com/lucienboucher.html
Dans le n°10,
Jean Bruller loue ses "intelligentes
illustrations", puis poursuit:
"S'il est un artiste
qui ne craint point la nouveauté, c'est
lui. Ses compositions apparaissent d'abord
comme essentiellement comiques. Cette idée
sitôt formulée semble fausse pourtant, et
il devient soudain évident que leur but
exclusif est d'être décoratives. Mais la
première opinion reprend aussitôt de la
force, et elles échappent ainsi à tout classement".
Antoine Bourdelle
http://www.bourdelle.paris.fr/fr/biographie
Dans le n°1
de La Quinzaine critique, Jean
Bruller note que les illustrations de
Bourdelle sont, selon la "manière
habituelle du Maître", "admirablement
adaptées au texte" de Clémenceau.
Hermine
David
http://www.hermine-david.com
Dans
le
n°2,
Jean Bruller s'extasie sur "les illustrations
d'Hermine David [qui] sont, comme toujours,
délicieuses. L'artiste a trouvé, dans la
pointe sèche, un porcédé dont elle tire
des effets savoureux, délicats et suaves".
Et dans le n°16,
les illustrations sont "assez belles
par elles-mêmes", mais "elles sont
surtout remarquables par une rare compréhension
du texte, ou mieux de l'atmosphère de ce
texte".
André Dignimont
http://www.gusbofa.com/araignee.php3?action=detail&id=13
http://www.gusbofa.com/araignee.php3?action=detail&id=21
Dans le n°8,
Jean Bruller reconnaît les "fortes
qualités d'acuité et d'observation"
de Dignimont, qualités auxquelles on est "habitué".
Et dans le n°14,
Jean Bruller trouve le choix de cet
illustrateur judicieux car c'est celui
qui est
le plus apparenté à Carco (Les Innocents).
Une réserve cependant: "le cuivre, trop sec pour
lui, semble moins fait que la pierre".
Pierre
Falké
http://www.gusbofa.com/araignee.php3?action=detail&id=17
Dans le n°1,
Jean Bruller déplore le fait que Falké
soit un "excellent
dessinateur, qu'on ne paraît d'ailleurs
pas apprécier à sa vraie valeur",
lui qui est "capable
de belles et grandes choses". Dans
le n°3,
il voit les "précieux
dons d'imagination" de cet illustrateur,
mais constate encore qu'il a été mal
édité alors qu' "il a composé pour ce livre
une série de bois gravés de tout premier
ordre. En dehors des qualités que
nous lui connaissions déjà, il s'est
révélé un animalier qu'il faut compter,
si l'on réfléchit qu'il reste dans
le même temps très exactement illustrateur,
parmi les plus grands. La vie, la grâce,
la sensibilité exquises qui se dégagent
de ses animaux et la simplicité apparente
de leur conception font songer , dans
un autre domaine, à l'art de Pompon:
grandeur sans grandiloquence".
Jean Bruller se fait
cependant critique quand il l'estime
nécessaire: ses "dessins [sont]
faits
trop vite" pour Rien que la terre
de Paul Morand. "Quant à la plache
représentant un jeu de cartes, nous l'avions
déjà vue dans Le Pot au noir. Un
artiste ne devrait-il pas éviter cela?".
Nonobstant cette
nuance, l'impression générale est positive.
Dans l'ultime numéro de La Quinzaine
critique, le n°46,
il reste ainsi toujours aussi élogieux:
"Nul
ne l'égale pour mettre en page un décor
naturel et le douer de coloris aussi
riches et aussi sensibles. Il est un peu
moins à l'aise quand il lui en faut isoler
les personnages et leur donner la
vedette. Mais dès qu'il y replonge, ils
perdent leur raideur et recommencent à vivre".
Jean
Hugo
http://www.henrigourdin.com/project/jean-hugo/
Dans le n°4,
Jean Bruller qualifie Jean Hugo de
"maître"
dans l'utilisation de la gouache. C'est
d'elle "qu'il en tire le meilleur de
ses effets", "extraordinaire intelligence
des rapports de tons". Et "il brode
une féérie de teintes d'une subtilité prodigieuse".
Néanmoins, il n'hésite pas dans
le n°2
à critiquer
les illustrations
"d'un charme certain bien qu'uniforme.
Elles valent surtout par leur curieux
alliage de naïveté voulue, de raffinement
et de mignardise, et par de catégoriques
rapports de couleurs souvent heureux".
Paulette Humbert
http://www.lesatamanes.com/artistes/humbert-paulette
Dans le n°22,
Jean Bruller déplore que ses "remarquables
illustrations" aient été mal mises en valeur par
la typographie choisie par les éditeurs.
"D'une puissance singulière, tragique
et tourmentée, elles dégagent une atmosphère
lourde, sombre, marécageuse, et malgré tout
empreinte d'un généreux romantisme. Pleines
de ces qualités qui font qu'on s'étonne
qu'elles soient l'oeuvre d'une femme,
elles témoignent en outre d'une conscience
rarement rencontrée de nos jours".
Louis Jou
http://www.fondationlouisjou.org
Dans le n°8:
"On ne sait
si les illustrations sont accompagnées par
le texte ou si ce sont elles qui l'accompagnent.
Ce n'est pas le moindre mérite de Louis
Jou d'obtenir une unité telle que cette
question puisse se poser. Peu de livres
peuvent donner une semblable harmonie..."
Dans le n°17,
Jean Bruller admire l'"illustration magistrale.
Ce que le bourru graveur sur bois a
su tirer de finesses, de délicatesses, de
velouté de la pointe sèche est inouï";
"on est étonné d'y retrouver intégralement
sa forte personnalité, adoucie par une sensibilité
..."
"Une critique négative
néanmoins dans le n°33:
"métier
sûr, mais [ses dessins sont] assez peu émouvants".
Paul Jouve
http://www.pauljouve.com/index.php
Dans le n°18,
les illustrations de Jouve sont
jugées "grandioses
et émouvantes", et dans le n°29
"remarquables".
"Trop d'or aussi[...] Mais quelle puissance,
et quelle élégance!".
Chas Laborde
http://www.chaslaborde.com
Dans le n°22,
Jean Bruller déplore les choix de l'éditeur,
car "les délicates
illutrations de Chas Laborde en souffrent
au point que sans leur finesse, leur
nervosité et leur intelligence, elles
passeraient inaperçues". Et dans
le n°35,
il rend hommage à l'illustrateur: "rarement
Laborde a fait preuve de plus d'entrain
et de fantaisie. Fantaisie à froid comme
toujours, qui réside dans un détail, un
coup de plume qu'on ne pourrait identifier,
mais qui démolirait tout s'il manquait.
C'est de l'Art".
Jean
Emile Laboureur
http://nantesbd.com/exposition-jean-emile-laboureur-chateau-des-ducs/
Dans le n°1,
Jean Bruller remarque les "qualités
de grâce et de finesse de ce graveur",
mais il est "un peu
trop grâcieux et fin pour ce roman"
(Voyage au Congo de Gide). Il
est moins à
l'aise dans l'emploi des gris.
Et dans le n°13,
il constate que
"les illustrations de Laboureur
[...] sont de la production constante de
l'artiste". Toutefois, pour l'illustration
de La Paix d'Aristophane, il
dit dans le n°11
que
"Le choix de Laboureur
pour les illustrations ne s'imposait pas.
C'est un artiste trop fin, trop subtil pour
aller de pair avec un texte aussi truculent".
Edy
Legrand
https://www.circonflexe.fr/auteurs-illustrateurs/edy-legrand
Dans le n°2,
c'est un "dessinateur
extrêmement doué"; "Ses paysages, ses
architectures, ses mouvements de foule sont
remarquables". Et dans le n°14,
il est "un
des seuls descendants de Gustave Doré. Non
dans la facture qui en est aussi éloigné
que possible, mais dans l'imagination, ce
qui n'est pas un mince mérite".
Jean Bruller peut se montrer nuancé
dans son jugement: "Ses compositions
purement comiques, bien que pleines de vie,
le sont moins. La truculence chez Edy Legrand
semble arbitraire, due plutôt à une habileté
de plume qu'à une conception réfléchie".
Le jugement général reste positif toutefois,
puisqu'il signale les "fortes qualités d'imagination
et d'agilité de cet excellent artiste"
dans le n°6.
Berthod
Mahn
http://homere.iliadeodyssee.free.fr/traducteur/bertholdman/bertholdman01.htm
Dans le n°16,
Jean Bruller émet une critique
pour le premier ouvrage que Mahn illustra.
Il considère en effet que ces illustrations
sont celles "d'un peintre. C'est dire qu'elles sont le
plus souvent un commentaire extérieur
du texte". A part cette nuance,
il se montre enthousiaste pour son travail:
pour le second ouvrage commenté à la
page suivante du n°16,
il affirme que les illustrations sont
"traitées
un peu comme des eaux-fortes, elles prouvent
que l'artiste y serait rapidement maître:
subtilité et sensibilité du trait, puissance
et intelligence de la composition". Puis
il se fait de plus en plus élogieux:
dans le n°24,
ses
illustrations se révèlent "de premier
ordre", par la "puissance de sa seule
imagination". Dans le n°42:
"Dire
leur charme, leur finesse, leur intelligence,
leurs extraordinaire sensibilité est
chose impossible. Berthod Mahn se montre
définitivement, dans ce livre, un maître
authentique".
Stefan
Mrozewski
http://www.mrozewski.ca/artist/
Dans le n°5,
Jean Bruller complimente ses "hors
textes gravés sur bois et tirés au noir
grandioses et monumentales","souvent
puissantes et quelquefois une truculence
parfois outrée, presque toujours artificielle,
mais que fait pardonner un remarquable
talent de graveur".
Dunoyer
de Ségonzac
http://www.galerie-de-crecy.com/index.php?main_page=index&cPath=1_204_63
Dans le n°34,
Jean Bruller trouve que ses illustrations
ont été "gravées
avec une spontanéité extrêmement sensible.
Quel instinct! Il suffit à Ségonzac de couvrir
une planche de petits zig-zags tremblotants
pour qu'aussitôt elle vibre, chante,
éclate d'une vie bouillonnante".
Fernand Siméon
Dans le n°9,
Jean Bruller note la "délicieuse
sensibilité de l'artiste, son goût sobre,
sa distinction et sa parfait maîtrise dans
le choix des coloris". Et dans le n°13:
"Les
illustrations sont formées de très
vivants croquis de Siméon".
Louis Suire
https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Suire
Dans
le n°4,
les aquarelles
de Suire
sont décrites comme celles d'un "tempérament
sensible et [d'un] goût délicat".
L'édition ne les a, hélas, pas mises
en valeur: "Mais que la reproduction
les a rendues plates! Il est bien regrettable
qu'il faille rechercher ailleurs les
qualités de l'artiste à travers ces
tons mornes et inertes".
Jacques
Touchet
http://www.collectionnelson.fr/GG2.PHP?CLE=73
Dans le n°22,
Jean Bruller constate que Touchet
a "abandonné
[...] ses déformations caricaturales, au
profit d'une finesse, et, dirai-je, d'une
tendresse dont il se soucie peu d'ordinaire.
Il y perd en personnalité [...] mais y gagne
en délicatesse".
Dans le n°2
en effet, Jean Bruller n'était pas si
positif: "Les illustrations
de Touchet, pour la plupart "habillées"
sont d'un comique tout extérieur. Le dessin
est largement sacrifié à la couleur, pas
toujours discrète. L'invention est opulente,
mais dénuée de toute préoccupation intellectuelle.
Aussi l'intérêt fatigue-t-il vite. C'est
la difficulté de l'illustration dite humoristique,
de se renouveler assez d'une planche à l'autre".
Marcel Vertès
http://www.gusbofa.com/araignee.php3?action=detail&id=7
Dans le n°1,
Jean Bruller évoque les "dons" d'un
Vertès au "tempérament
spontané", à la "sensibilité intelligente"
"un peu morbide". Ce qui
ne l'empêche pas de répérer "quelques planches médiocres"
parmi les illustrations de l'ouvrage.
Dans le n°27,
il déplore que les illustrations de
Vertès forment une "espèce de
tableau de la noce crapuleuse. Le bon roi
Pausole est devenu un de ces viveurs imbéciles...Son
harem est devenu une maison publique..."
III
...
et ses réserves
Jacques Boullaire
http://galerieartebello.com/jacques-boullaire/
Dans
le n°2:"Les illustrations
de Jacques Boullaire, reproduites en héliogravure,
et dont on ne peut guère dire de mal, mais
non plus de bien, ne sont remarquables
ni par l'inspiration ni par la facture".
Carlègle (Charles-Emile
Egli)
http://le-bibliomane.blogspot.fr/2010/10/carlegle-illustrateur-je-ne-veux-faire.html
Dans le n°4,
Jean Bruller écrit que cet
artiste est "extrêmement
adroit et souple, mais dont l'habileté
semble avoir définitivement remplacé
la sensibilité dont témoignaient ses premières
oeuvres. Elle paraît suppléer à toute invention:
on a, en regardant ses planches, la fâcheuse
impression de les avoir déjà souvent rencontrées
et qu'elles pourraient en tout cas servir
à l'illustration de nombreux autres
textes confiés à Carlègle". Même reproche
dans le n°5:
ses illustrations sont "pleines
de qualités, d'adresse et de pureté, mais
qui participent de cette seconde personnalité
de Carlègle, à la fois paisible et froide,
, qui n'apparaît que dans ses bois, et
sont très éloignées du Carlègle léger et
allègre qu'il eût fallu pour ce livre"
(Maxime de Duvernois)
Edgar Chahine
http://www.lesatamanes.com/artistes/chahine-edgar
Dans le n°12,
Jean Bruller voit dans ses illustrations
les "mêmes
qualités et mêmes défauts que dans toutes
celles qui les ont précédées. Elles sont,
avant tout, d'une autre époque, et il en
émane un parfum d'Helleu. Aussi Mitsou [personnage
de Colette] cesse-t-elle d'y être Mitsou,
et devient-elle une femme du monde élégante
et froide. Pour le reste, elles sont gravées
avec habileté".
André
Collot
http://www.musee-marine.fr/content/affiche-andre-collot-
Dans
le n°23,
Jean Bruller note l'"illustration
très honorable, sans plus. L'artiste, desservi
par une trop grande facilité, pèche par
un demi-lyrisme plus intentionnel que spontané,
qui exprime moins de choses qu'il voudrait
faire croire". Le
principal défaut de cet artiste, c'est
que ses illustrations sont "un peu faciles"
(n°29).
Albert
Decaris
http://www.lesatamanes.com/artistes/decaris-albert
Dans le n°9,
Jean Bruller parle d' illustrations "d'une
adresse exceptionnelle, qui forme le plus
clair de leur défaut: trop confiant dans
sa vistuosité, il semble que l'artiste lui
ait sacrifié tout souci de composition et
d'atmosphère, sans compter d'assez nombreuses
fautes de dessin". Malgré tout, "compréhension"
fine du texte, "noblesse décorative
de ses gravures" et "qualité de
sa technique".
Il poursuit dans
le n°30
en reconnaissant "un
tempérament" "comme il y en
a peu à notre époque "mais Decaris
le sait et s'y fie trop"."Le résultat
est une suite d'admirables planches, pleines
de défauts" "Tout cela disparaîtrait
si Decaris, se fiant moins à son adresse,
sacrifiait les effets évidemment très
vivants du premier jet, et ne craignait
point de les alourdir d'un peu de
réflexion et d'esprit critique. Mais je
ne crains rien: il y viendra".
Joanny
Drevet
https://fr.wikipedia.org/wiki/Joannès_Drevet
Dans
le n°6,
Jean Bruller critique les illustrations de Drevet
dont
"on ne peut louer que la parfaite probité,
dénuées qu'elles sont de toute tentative
personnelle", ce qui "n'ajoute
pas grand chose au texte".
Dans
le n°23,
Jean Bruller redit presque mot pour
mot les reproches précédents: "bon
commentaire du texte comme elles le
seraient de n'importe quelle revue de
tourisme helvétique. Dénuées de toute
tentative personnelle, on n'en peut
louer que la parfaite conscience".
Alexandra Grinevsky
http://50watts.com/Alexandra-s-Aquatints
Dans
le n°3,
Jean Bruller est interloqué: c'est une
artiste qui s'est appropriée les méthodes
d'Alexeïeff "avec une maîtrise qui
n'a d'égal que son manque de scrupules".
Il continue en stipulant que le choix du
style de cet artiste n'est pas
judicieux pour cet ouvrage, "l'art brumeux d'Alexeïeff est aussi
étranger que possible à la légèreté toute
latine de Valéry Larbaud".
Il éclaircit le mystère dans le n°14.
Il a en effet appris entre-temps que
Grinevsky est l'épouse d'Alexeïeff. Il
commente ainsi: "les
présentes illustrations se sont bien éloignées
d'Alexeïeff, du moins en ce qui concerne
les procédés [...] mais l'inspiration n'a
guère changé. Le résultat n'en est pas très
heureux; chez Alexeïeff, l'inspiration est
soumise au procédé; de même chez Mme Grinevsky;
mais le procédé initial étant alors abandonné
et remplacé par un autre, il n'en reste
pas grand'chose". Dans
le n°26,
(comme plus tard dans le n°42),
il reste dubitatif: elle
"cherche,
avec des procédés et une inspiration directement
empruntés à Alexeïeff, à obtenir des effets
différents des siens. Elle y réussit des
fois bien, des fois mal".
Constant
Le Breton
https://fr.wikipedia.org/wiki/Constant_Le_Breton
Dans
le n°23:"Les
hors-textes sont anecdotiques et Le Breton
n'y est pas à l'aise". Mais Jean
Bruller reconnaît le talent de l'artiste:
"Le Breton
est un paysagiste qui s'ignore".
Mariette
Lydis
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mariette_Lydis
Jean Bruller, quoique
reconnaissant cette artiste comme "excellente",
n'aime pas son style. Ainsi dans le
n°36,
il évoque une "série
de portraits de fillettes sportives, yeux
naîfs, une bouche vicieuse et un petit nez
camard [...] au demeurant plaisantes si
l'on aime ça". Il nuance cet avis
général dans le n°9
: ses illustrations "fort belles, et [elles] échappent
cette fois (au moins dans la mesure exactement
nécessaire) à cet aspect malsain que revêtent
généralement les compositions de cette excellente
artiste".
Jean
Oberlé
http://www.gusbofa.com/araignee.php3?action=detail&id=4
Dans
le n°6,
on ne peut comprendre cette critique
plutôt acerbe de Jean Bruller qu'en
replaçant dans le contexte. Gus Bofa
et les artistes qui gravitaient autour
de lui reprochèrent à Jean Bruller de
trop copier le maître. Aussi doit-on
probablement voir dans la critique qui
suit les conséquences de cette querelle.
Jean Bruller reprend les mêmes critiques
qu'on lui assène le concernant:
"Je voudrais
dire du bien des illustrations dues à un
dessinateur qui promit beaucoup, mais n'a
pas encore tenu ses promesses, et dont
les qualités certaines de finesse, d'imagination
et d'intelligence semblent bridées par une
main inhabile; ce qui serait une qualité
aussi (trop d'adresse est un malheur...)
si elle était rétablie par une technique
solide. Oberlé l'eut jadis. Mais on lui
reprocha qu'elle fût due à Chas Laborde.
Je conçois qu'il soit pénible d'entendre
toujours les mêmes reproches, et qu'on cherche
à s'évader. Pourtant n'y a-t-il pas plus
de courage à persévérer qu'à tenter de changer
sa formule de parti-pris? Ce
qui revient à se donner une personnalité
artificielle. Difficile problème, sans doute,
qu'Oberlé saura résoudre, j'en suis persuadé".
Hélène Perdriat
https://fr.wikipedia.org/wiki/Hélène_Perdriat
Dans
le n°13,
Jean Bruller critique l'"imagination
sentimentale d'une petite-fille chlorotique.
[[Les illustrations] ne manquent pas d'une certaine grâce
enfantine en dépit de leur mièvrerie".
Jeanne Rosoy
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeanne_Rosoy
Dans
le n°4,
Jean Bruller complimente certaines illustrations "charmantes".
Mais "Il faut seulement espérer
que l'insuffisance de technique qu'elles
révèlent [...] n'est pas définitive".
Sylvain
Sauvage
http://eve-adam.over-blog.com/2017/05/sylvain-sauvage-illustrateur-litteraire.html
Dans
le n°1,
Jean Bruller reconnaît l'"élégance
et [la] truculence" de l'artiste,
ses"amusantes finesses", son
"trait serré", son "ton distingué".
Mais il tranche ainsi: "dessinateur au talent aimable,
gracieux, mais souvent un peu facile"
même s'il a dessiné quelques planches avec un caractère d'une
grande noblesse.
Article mis en ligne le 1er septembre
2017
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