Les expositions de dessins de/par Jean Bruller dans l'entre-deux-guerres
Sommaire
Les dessins de Jean Bruller exposés
Repérage (incomplet) des expositions auxquelles Jean Bruller participa
C'est en cherchant dans les journaux d'époque que j'ai pu croiser le nom de Jean Bruller exposant ses dessins. Voici un inventaire - bien loin d'être exhaustif - qui vous donnera une idée d'une partie concrète du métier pour se faire connaître:
- Le Salon des fantaisistes en avril 1924 (voir l'article en ligne)
- La Galerie d'Art contemporain en juin-juillet 1927 (voir l'article en ligne)
- Exposition de ses dessins de l'album Hypothèses sur les amateurs de peinture à l'état latent au 76 rue des Saints-Pères en décembre 1927 (voir en ligne)
- Exposition sur la beauté à l'institut de beauté Ladell en mai 1933 (voir en ligne)
- Ses participations régulières au Salon de peinture et de sculpture de la vallée du Grand-Morin, à partir du moment où Jean Bruller s'installa en Seine-et-Marne: notamment les articles de 1935 (en pdf), de juin 1936 (en pdf), de juin 1939 (en ligne).
Le Salon de l'Araignée
Réservons un sort particulier au Salon de l'Araignée créé par Gus Bofa et qui connut 10 années d'existence entre 1920 et 1930. L'histoire globale de cette aventure vous est racontée sur le site consacré à Gus Bofa. Si vous souhaitez approfondir, procurez-vous cet ouvrage:
Revenu de Tunis après son service militaire, Jean Bruller se rapprocha de ces artistes. Il participa au IXe Salon de 1927. De nombreux artistes ayant participé au Salon de l'Araignée seront d'ailleurs cités par le chroniqueur Jean Bruller dans La Quinzaine critique à la rubrique des éditions illustrées. Le site de Gus Bofa est critique vis-à-vis de Jean Bruller qu'il qualifie de plagiaire de Bofa, contrairement à Jo Merry. Je vous laisse juge de ce portrait peu flatteur, mais tout en vous rappelant que dans tous ses écrits sur les proches qu'il côtoya, que la relation se soit ou non interrompue, Vercors se montra touché par ces rencontres qui déterminèrent son existence. Il ne cacha ni les disputes ni les désaccords qui rompirent les liens, et se montra navré de ces éloignements. Il était sincère dans ses sentiments vis-à-vis des autres: nous le mesurons en suivant un précepte de Montaigne qu'il fit sien: « Pour juger d'un homme, il faut suivre longuement sa trace ». Et c'est dans ses Mémoires, dans sa littérature que l'on note la constance de son positionnement. Mise en scène pour se peindre en victime? Je pense que Vercors était dénué de ce calcul, donc qu'il n'était pas hypocrite dans ses propos. Avait-il mal apprécié le réel dans certaines de ses relations humaines? Peut-être, mais cela en restera au stade des spéculations. Vercors, qui était à la recherche de la sincérité et de la pureté perdues, espérait parler aux autres coeur à coeur, et avait une certaine forme de naïveté, tout en ayant conscience du fonctionnement du milieu artistique.
Les chroniques de Jean Bruller sur les expositions
Observons les numéros de la revue La Quinzaine critique de 1931: les numéros du n°32 du 25 avril, du n°33 du 10 mai, du n°34 du 25 mai, du n°35 du 10 septembre, du n°36 du 25 septembre, du n°41 du 10 décembre. Les n°37 à 40 sont indisponibles sur Gallica et la rubrique du n°42 fut tenue par Gaston Baty.
Dans ses analyses d'un seul exposant, on peut trouver des louanges - le talent de Paul Bret encore en gestation mais déjà là, Louis Charlot qui montre tout son art quand il tire son inspiration de la nature, Souverbie exceptionnel -, comme des blâmes (Les Artistes modernes, dissidents des Artistes Décorateurs). Il s'aventura dans une critique comparée du groupe de photographies à la Galerie d'art contemporain, ici pour commencer par l'avis moins favorable, là pour se montrer convaincu que la photographie est « riche de possibilités, sinon d'un Art, du moins d'un artisanat magnifique».
Pour la rétrospective Degas, Jean Bruller confronta plusieurs critiques pour se rallier à celui qui voit en cet artiste le pressentiment du cinéma. Bruller ajouta et conclua: « C'est en quoi Degas est le père spirituel de la plupart des illustrateurs d'aujourd'hui ». Peut-être se souvint-il de cet éloge quand il prit dans les années 50 pour modèle Degas pour ses callichromies?
Il s'intéressa également à la mise en scène des expositions et donna des perspectives pour améliorer l'ensemble: pour la Rue des Industries d'Art et pour les Artistes décorateurs au Grand Palais.
L'article le plus intéressant porta sur le Salon d'automne que Jean Bruller critiqua vertement dans la mesure où le trop grand nombre d'exposants annihile le but premier d'un tel événement. Les artistes reconnus n'ont pas besoin d'être exposés, poursuivit Bruller, le bourgeois amateur ratant parmi cette pléthore d'exposants les potentiels nouveaux talents. Aussi Bruller finit-il par suggérer la création de clubs, avec deux artistes reconnus constituant un comité. Les postulants présentés par deux parrains seraient alors élus au vote secret par un comité soucieux de se déplacer dans l'atelier du jeune artiste pour étudier toutes ses toiles afin d'en avoir une idée plus juste. Ainsi le Salon serait vraiment « visitable » et aurait du sens. Le dessin qui accompagne son article sera repris en variante dans La Danse des vivants pour signifier l'inanité d'un Salon (et le découragement compréhensible des exposants, surtout peu connus), quand son modèle est défaillant.
Article mis en ligne le 1er juin 2021