L’analyse sera mise en ligne ultérieurement.
L’ouvrage Les Chevaux du Temps (1977) est décrit comme une
récréation que s’accorde l’intellectuel engagé que l’on connaît. Dans un
récit-cadre, plusieurs personnages sont chargés à tour de rôle de raconter une
histoire, dans la longue lignée de la tradition littéraire. Roman ou
nouvelles ? La structure adoptée est ambiguë. Vercors plonge le lecteur
dans des univers fantastiques à la manière de Nerval ou de Poe. Or,
rappelons-nous que Jean Bruller avait illustré en 1929 le poème en prose Le
Corbeau de cet auteur américain, et avait récidivé en 1942 avec les poèmes Silence,
Ombre et L’Ile de la fée (Pour voir ses dessins, vous pouvez vous procurer l’ouvrage Les Silences
de Vercors, Le Mans,
Création & Recherche, 2002, comprenant
les illustrations de Poe, celles des Stances du vieux matelot de Coleridge, et l’album de 1938 intitulé Silences).
Pourquoi ce titre? Vercors rendit
hommage à Jules Supervielle, comme il le confia à Jacques
Chancel dans un entretien de 1977 largement consacré à
la création des Chevaux du Temps (Cf. les archives
de l'INA):
Quand les chevaux du Temps s’arrêtent à ma porte J’hésite un peu toujours à
les regarder boire Puisque c’est de mon sang qu’ils étanchent leur
soif. Ils tournent vers ma face un œil reconnaissant Pendant que leurs
longs traits m’emplissent de faiblesse Et me laissent si las, si seul et
décevant Qu’une nuit passagère envahit mes paupières Et qu’il me faut
soudain refaire en moi des forces Pour qu’un jour où viendrait l’attelage
assoiffé Je puisse encore vivre et les désaltérer. |